Lors d’un premier voyage au Japon, ma recherche portait sur les liens entre la nature et la culture, plus particulièrement l’observation du Wabi-sabi, notion si difficilement explicable par des mots.
La lecture du livre de Roland Barthes, L’empire des signes, a orienté mon regard vers la carte.
Ma démarche consiste à détourner l’utilisation des cartes et des objets ordinaires pour développer mes réflexions sur notre relation à l’environnement et à l’altérité.
Made in Maranouchi / 2016 /
Photographie contrecollée sur aluminium/
50×70 cm
La carte a été une clef d’introduction à la culture japonaise. Elle m’a servi d’outil pour interagir avec les habitants. De ces relations, j’ai développé des créations performatives, photographiques et graphiques.
Au cours de ce voyage de recherche, je développais une action quotidienne ; je demandais aux passants de m’orienter en dessinant une carte. Cet acte me servait de lien pour communiquer avec les japonais à travers le dessin.
Je m’adressais auprès de différentes catégories de personnes (âges, genres, corps de métier, etc.) pour avoir des réactions variées. Je leur offrais en échange du plan qu’elles me donnaient, une petite œuvre graphique. Les personnes étaient sensibles à ce geste. Ce temps de marche dans les villes me permettait d’observer finement la vie ordinaire.
From Corme-Royal / 2016 /
Petites oeuvres graphiques.
From Kofu’s inhabitants / 2016 /
Cartes récoltés à Kofu.
A Kofu, je résidais en face d’une école. Toutes les semaines les marques du terrain de sport étaient dessinées avec une machine à tracer fonctionnant avec de la poudre. Les lignes s’effaçaient et se superposaient au fil du temps, créant un dessin monumental et éphémère.
Pour cette performance, je me suis inspirée d’actions quotidiennes qui m’ont touchées : tracer, balayer et arroser les plantes.
J’ai repris un plan obtenu au cours de mes interactions avec les habitants. J’ai choisi celui de la papeterie car ce lieu était très agréable et foisonnant d’articles de bureau.
J’ai dessiné une marque au sol avec la machine à tracer. Une fois la marque inscrite, je l’effaçais aussitôt en balayant et en arrosant avec de l’eau. Cette performance a mis en geste le travail de terrain réalisé pendant le mois sur Kofu. En sortant de leur contexte des actions ordinaires, j’invite les habitants à porter leur regard sur le rythme du quotidien.